La pelouse catastrophique : le gazon maudit.
Le fait de vouloir un beau tapis vert autour de sa maison est en soi
tout à fait opposé à la philosophie
écologique. De ce point de vue il serait plus
légitime d'entretenir une pâture avec des animaux,
une prairie naturelle avec pleins d'insectes, un potager ou un verger
pour nourrir la famille. La pelouse est un endroit où les
plantes sont stressées (tonte hebdomadaire), où
la biodiversité est très limitée,
où l'on ne laisse pas faire la nature (lorsque l'herbe
jaunit en été, c'est un
phénomène naturel, on dit que l'herbe rentre en
dormance et donc à cette aune, l'arrosage s'apparente au
gavage des oies).
Le jardinage c'est aussi un peu le repli sur soi. Souvent je me dit
qu'au lieu de m'occuper de ma pelouse je ferais mieux de passer plus de
temps au service du monde associatif et que c'est en quelque sorte
voler du temps à la société.
Le sommet du massacre de la nature est atteint quand on se met
à répandre des pesticides (désherbant,
insecticides...), souvent en surdosant, dans un milieu qui n'a pas
besoin de ça.
Réhabilitation de la pelouse.
Après avoir dressé un tableau si noir de la
pelouse il est temps de la réhabiliter. C'est sans doute
dans la nature de l'homme que de vouloir dominer la nature et en ce
sens la réalisation d'une pelouse est un accomplissement pas
pire que d'autres (maîtriser l'atome par exemple). L'homme
ayant aussi développé un sens
esthétique, la production d'une pelouse peut s'apparenter au
désir de mettre de la couleur autour de sa maison.
L'entretien de la pelouse et le jardinage sont aussi une formidable
source de détente pour ceux qui en ont les moyens.
Nous allons voir qu'il existe des moyens d'entretenir sa pelouse de manière "écologique".
Ma pelouse au Canada
Pour compléter cette introduction, il faut savoir que la
notion de pelouse écologique se développe
fortement au Canada (et aux États Unis aussi mais l'avantage du Canada
est qu'il produisent une documentation en Français). Les
autorités Canadiennes, au travers de nombreux sites
internet, proposent de modifier les mauvaises habitudes avec les
incitations et mesures suivantes :
- Bannissement des pesticides dans certaines villes (tant pour les jardiniers de la ville que pour les particuliers).
- Élimination des tondeuses à moteur 2 temps qui polluent
tant (en partenariat avec des vendeurs de tondeuse, prime pour la
reprise des vieilles tondeuses).
- Préconisation de nouvelles plantes (trèfle
blanc...) ne correspondant pas aux canons anciens (feuillage fin,
couleur vert tendre...) mais plus adaptées au climat local
et moins gourmandes en engrais.
- Choix de semences en fonction des usages dans les villes (terrain de
sport, parc public, bord des routes, pelouse de prestige...).
- Limitation de l'irrigation (interdiction d'arroser, incitation à limiter l'arrosage...).
- Introduction de la notion de lutte intégrée
pour gérer la santé de la pelouse par exemple
dans ce fichier pdf de 19 pages en Anglais nous venant des
USA.
J'ai l'impression qu'en France on est beaucoup moins
sensibilisé à toutes ces questions mais c'est
évident que nous allons devoir nous y mettre.
Voici maintenant quelques idées pour avoir une pelouse écologique.
La plus écologique c'est la tondeuse à quatre
patte (chèvre, mouton) qui en plus rend au sol ce qu'elle
lui à pris. La tondeuse à main est un must pour
toutes les pelouses jusqu'à 500 m². Au
delà peut-être aussi, il existe des
expériences qui vont dans ce sens. La tondeuse thermique
à moteur 2 temps est à remplacer au plus vite.
D'après l'agence de protection de l'environnement des USA
les tondeuses à gazon sont la cause de plus de 5% de la
pollution atmosphérique urbaine.
Ne pas tondre trop court.
Une hauteur de 5 à 8 cm est idéale pour que les
plantes puissent développer un puissant système
racinaire qui leur permettre de mieux résister aux
périodes de sécheresse et la vigueur du gazon
empêche les adventices de trouver un terrain favorable
à leur épanouissement.
Garder les lames de la tondeuse bien affûtées.
Dès que des filaments blancs apparaissent le lendemain de la tonte, il faut aiguiser la lame de la tondeuse.
Arroser en profondeur ou ne pas arroser du tout.
Arroser en profondeur signifie arroser très copieusement
(2.5 cm d'eau) mais pas plus d'une fois par semaine. Ne pas arroser est
une autre solution, votre pelouse va devenir jaune en
été mais elle reverdira dès les
premières pluies.
N'arroser que quand les traces de pas restent marquées plus
que quelques secondes dans l'herbe ou quand la pelouse commence
à jaunir.
Maintenir un PH de sol légèrement acide (entre 6 et 7).
Les fortes précipitations ainsi que la présence
d'ombre ont tendance à favoriser l'acidité.
Terreauter régulièrement.
L'idéal est le compost "maison" bien mur. Cela
améliore la texture du sol, réduit la
présence de chaume, donne à manger aux vers de
terre, améliore l'activité microbienne
dans le sol...
Ne pas terreauter avec n'importe quoi.
Le compost maison est vraiment ce qui se fait de mieux. Attention aux
compost du commerce, ils peuvent contenir des cochonneries que vous ne
soupçonnez pas (boues de station d'épuration par
exemple...). Ne pas non plus gâcher de tourbe pour cela
(matériel fossile actuellement sur exploité).
Aérer soigneusement les sols compactés.
De préférence à l'automne. Le
décompactage doit toujours s'accompagner d'un terreautage
(pour remplir les trous) et éventuellement d'un sursemis.
Proscrire les désherbants.
L'entretien écologique de la pelouse, en permettant au gazon
de se développer vigoureusement, empêche le
développement des mauvaises herbes et permet
d'envisager de se passer de désherbant. Au pire un arrachage
manuel (il existe des outils adaptés, facilitant
l'opération) permet de contrôler les mauvaises
herbes.
Éventuellement la farine de gluten de maïs peut être
envisagée comme désherbant (on a du mal
à y croire et c'est introuvable en France mais je suis sur
qu'un jour on pourra essayer).
Mulcher ou composter pour limiter le réchauffement de la planète.
Dans les 2 cas les matières organiques
créées par la pousse de l'herbe restent dans
votre jardin. Le CO2 fixé par la photosynthèse
n'est pas remis en circulation lors de l'incinération des
déchets (voir quand même s'il
n'est pas remis en circulation lors du compostage ?).
Ne pas abuser des fertilisants.
Outre les risques de pollution des cours d'eau et de la nappe
phréatique, l'usage de trop de fertilisant se traduit par
une surproduction de chaume et peut nuire à
l'activité microbienne du sol.
Inspecter sa pelouse.
Çà peut paraître idiot mais c'est
l'occasion de voir les problèmes. Par exemple avant
d'arroser il faut bien vérifier que la pelouse en a
réellement besoin (marque des traces de pas, jaunissement).
La règle des 6 mauvaises herbes.
Une idée qui vient d'Angleterre (six weeds dans la langue de
shakespeare) : toute personne de la famille ayant à faire au
jardin se doit d'éliminer 6 mauvaises herbes à
chaque sortie dans le jardin.
Choisir les bonnes semences.
Plus facile à dire qu'à faire. Quand on se
renseigne sur les semences on a toujours l'impression qu'elles ont plus
d'inconvénients que d'avantages. Une idée
à envisager est d'aller se renseigner auprès des
jardiniers professionnel du coin pour essayer de savoir ce qu'ils
utilisent.
Décaler ses exigences esthétiques.
Les canons esthétiques du beau gazon vont vers un gazon,
bien vert, bien ras, bien dru, bien fin, sans mauvaises herbes, le plus
uniforme possible. Heureusement les canons sont fait pour
être dépassés et on peut se
régaler en les transgressant. Le trèfle blanc
avec ses petites feuilles rondes d'un vert assez sombre, ses fleurs qui
attirent les insectes est par exemple un couvre sol assez
idéal si on accepte de sortir des lieux communs.
La compétition absurde avec les voisins mérite
aussi un peu que l'on réfléchisse sur son
bien-fondé et sur son intelligence.
Connaître son sol en étudiant les mauvaises herbes.
Je vous renvoie ici à un excellent article sur ce sujet. XXX
Conclusion sur la pelouse écologique.
J'espère que dans tout ce fatras d'informations vous aurez
trouvé de bonnes raisons pour
réfléchir à vos pratiques culturales.
Aujourd'hui il semble que la connaissance que l'on a sur les pelouse
écologique ait un peu à mûrir (en tout
cas en France). On peut néanmoins faire ses petites
expériences dans son coin et en faire profiter la
collectivité (forum). J'espère aussi que la
littérature sur les pelouses écologiques sera un
jour plus présente dans les documents sur la construction
HQE.
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